NORVÈGE

 

Par Rached Trimèche

 

 

 

 

 

 

Oslo (octobre 1987). Une « yellow line », une ligne jaune, me ramène brusquement à l’aéroport de Trinidad and Tobago. Quel rapport entre l’aéroport Fonerbu d’Oslo et cette île des Caraïbes ? Les deux sont sous l’influence de la vieille Angleterre, qui fait qu’un passager arrivant devant le policier de l’aéroport enfermé dans sa cage de verre... doit être seul avec lui, éloigné d’ 1,50 m du prochain passager, par la yellow line...

Dieu merci, là s’arrêtent les coutumes du Commonwealth, pour trouver après un rapide et sympathique contrôle douanier, un aéroport vétuste qui rappelle celui de Reykjavik, capitale de l’Islande. Après plus de 20 ans de pourparlers, la commune d’Oslo s’est enfin décidée à agrandir son aéroport en doublant sa superficie. On est aujourd’hui perdu dans un dédale de couloir de bois résineux aux plafonds très bas. L’insolite ne fait que commencer...

 

Il est 22 h 30, l’aéroport de Paris-Roissy est déjà très loin et Bjorn Sivertsen, président du Kiwanis-Oslo, est là dans cet aéroport à nous attendre malgré notre retard. En Norvège, l’hospitalité et l’amitié sont peut-être, avec l’organisation et le travail, les maîtres mots de ce pays que nous allons découvrir ensemble.

 

En quittant tôt ce matin le Scandinavia Hôtel, je m’aventure dans les rues rectilignes d’Oslo. Une double surprise en un clin d’œil : ces maisons construites en briques plates jaunes et rouges ne peuvent que rappeler Leningrad la soviétique. Ces charmantes fenêtres grandes ouvertes et ces toits de tuiles avoisinants un cours d’eau vous mènent, eux, à Amsterdam.

Ces énormes parcs au gazon bien tondu vous plongent en Grande-Bretagne, tandis que ces arbres, qui perdent leurs feuilles aux tendres couleurs de l’automne, vous montent vers les montagnes suisses. Oslo est un parfum hybride de tout cela et de beaucoup plus encore. L’air est frais, un précoce 2°C surprend les Norvégiens qui adoptent à travers les rues de la ville une marche accélérée, pour se réchauffer peut-être. Ma seconde surprise est de constater, toujours en pleine matinée, que les feux de presque toutes les voitures sont allumés. Dans ce pays de loi et d’ordre, il a été décidé, à l’instar de la Suède voisine, que toutes les voitures construites après 1983 allument automatiquement leurs feux par la simple mise en contact du véhicule. Ainsi, 24 heures sur 24, les voitures sont signalées par leurs lumières. La Norvège est l’un des pays au monde où l’on compte le moins d’accidents. Le citoyen norvégien adoptera, le 1er janvier 1988, les deux ceintures de sécurité sur les sièges arrières ; ce même conducteur ne dépassera jamais la vitesse limite et ne prendra jamais la route après avoir absorbé plus d’un verre d’alcool. Notons à ce sujet que la consommation moyenne d’alcool en Norvège est de cinq litres par an et par habitant de plus de 15 ans. La Norvège reste toujours devancée – et de loin – par les deux champions de la bouteille : la France et l’Italie. Le gouvernement travailliste présente un projet de loi draconien avec de fortes hausses de prix et de fortes amendes destinées aux conducteurs éthyliques, l’interdiction de boire sur les bateaux de plaisance et l’interdiction d’ouvrir de nouveaux débits de boissons. La route est faite pour vivre et non pour se faire tuer.

 

Où sommes-nous donc dans ce monde si beau, si policé et si calme ?

En Europe septentrionale, la Norvège complète le puzzle de la Scandinavie  avec ses voisins de l’est, la Suède et la Finlande, du sud, le Danemark, et de l’ouest, l’insolite et incroyable Islande.

 

GLORIEUX VIKINGS

 

Sur une superficie de 325 000 km2 (soit 2 fois la Tunisie ou 75% de la Suède), s’étend aujourd’hui le royaume de Norvège. De ses rivages s’amorça la merveilleuse aventure de ces glorieux Vikings vers le Groenland, la Gaule et les îles Britanniques. Deux siècles plus tard, sous le règne des Olaf, arriva le Christianisme. L’année 1263 marque l’apogée de la grandeur norvégienne : elle s’étend sur les principales îles voisines : l’Islande, le Groenland, Féroé et Shetland. Vient ensuite l’époque des unions et désunions ; la couronne danoise impose en 1523 le luthérianisme (église protestante). Ce n’est qu’en 1905 que la Norvège accède à l’indépendance et accorde en 1913 le droit de vote aux femmes. Aujourd’hui, cet état luthérien de démocratie pluraliste vit avec un régime parlementaire bien rodé. Sa majesté le Roi Olaf V n’a qu’une autorité symbolique, qui laisse à son jeune Premier Ministre onusien de 49 ans, Madame Harlem Brundtland, un plein pouvoir, contrôlé cependant par le « Storting » - 155 membres élus au suffrage universel direct composent les deux chambres de ce Storting : le « Lagting » et l’Odelsting ».

 

A l’entrée du parc Vigeland, je suis intrigué par cette jeune femme accompagnée de quatre petits bonshommes d’une dizaine d’années. Mon ami souriait de mon étonnement et me confirmait que la dame n’était point la mère de ces enfants dans un pays où la natalité chute. Cette dame est responsable d’un « Kindergarten » ou jardin d’enfants composé de seulement quatre pensionnaires. L’enfant occupe, en Norvège, une place hautement privilégiée. Emmitouflés dans leurs fourrures, ces quatre gamins suivent leur maîtresse moulée dans un jean délavé à moitié caché par un anorak vert foncé...

 

LA MACHINE À SOUFFLER

 

Notre regard est ensuite attiré par un spectacle étrange qui se déroule dans l’allée du parc : imaginez une jeune femme aux couettes blondes étincelantes au volant d’un semblant de tracteur qui a la magie de souffler non pas de la barbe à papa, mais un carrousel de feuilles mortes qui inviterait Yves Montant à réviser une strophe de ses célèbres « feuilles mortes qui se ramassent à la pelle ». Devant ces dizaines de milliers de feuilles qui ne cessent de tomber, le pragmatique Norvégien a inventé cette machine qui insuffle l’air en poussant et rassemblant les feuilles pour en faire un tas. Le râteau artisanal cède la place au « cheval à vapeur ».

 

Laissons ces admirables couleurs d’automne pour nous aventurer sur le pont du parc Vigeland. Sur toute la longueur, il est orné d’impressionnantes statues de pierre symbolisant la vie, du nouveau-né jusqu’au vieillard bossu. C’est ici que l’ingénieux Vigeland reçut en 1920 la bénédiction de la commune d’Oslo pour élaborer durant 20 ans ce parc-musée qui, par ses statues de pierre et de bronze, relate la vie humaine. Au fond du parc, nous grimpons vers une sorte de tour de Babel, une très haute colonne sculptée représentant des dizaines d’êtres humains qui s’entrelacent et se serrent. C’est l’expression de la course vers le sommet. A perte de vue, le parc paradisiaque offre ses hectares de verdure et de cours d’eau aux intrépides promeneurs de cette journée d’octobre. Le calme, la volupté et la beauté nous caressent, nous entourent et finissent par nous engourdir pour nous laisser rêver encore et encore.

 

SUR LA TRACE DES VIKINGS

 

Au cœur d’Oslo, dans un immense parc s’élève le château du roi Olaf V. Ce citoyen couronné aime faire, sans escorte aucune, ses promenades quotidiennes à travers les sentiers enfouis sous les milliers de feuilles mortes. Le souverain et sa famille ne manquent pas de faire tous les jours leur marché.

De minces bouleaux aux troncs blancs s’élancent ça et là dans une complainte muette vers un ciel couvert. Dans ce bruit du silence, la vie semble s’arrêter à chaque banc public. Tout change soudain à l’orée du parc.

La capitale norvégienne qui compte 450 000 habitants (soit 10% du total de la population) étale ses magasins de fourrures, ses vitrines soignées, ses grandes maisons de briques jaunes et ses églises protestantes...

Ce matin, le musée Kon-Tiki nous ouvre ses portes. Le pays des Vikings a donné naissance à Thor Heyerdahl, père spirituel des grands voyageurs modernes du pays. Dans une première salle, nous découvrons l’original du radeau en bois de balsa qui effectua la traversée de l’Océan Pacifique – du Pérou à la Polynésie – en 1947. Une seconde salle gigantesque renferme le RA II, cet esquif de papyrus qui traversa l’Atlantique en 1970, du Maroc à la Barbade. Thor Heyerdahl voulait justifier la théorie selon laquelle les civilisations pré-européennes disposaient d’embarcations vraiment capables de tenir la haute mer. Par ces expéditions, ce grand voyageur prouva à son tour le lien maritime entre l’Amérique du Sud et la Polynésie. Le Pérou précolombien arriva jusqu’aux rivages des îles Marquises sur des embarcations similaires à celles de ce musée. Coupés et écorcés dans la forêt vierge d’Amérique du Sud, les troncs flotteurs de balsa mêlés au bambou autour d’un mât de Mangrove constitueront le matériau de ces radeaux. Fort de cette théorie, l’intrépide Heyerdahl traversa les 8 000 km qui séparent le Pérou du récif de corail Raroia en Polynésie, en 101 jours sur le Kon-Tiki. Puis il conquit les Galápagos et l’île de Pâques se dirigeant ensuite vers le Moyen-Orient.

 

LA PISTE HOLENKOLLEN

 

Nous voici ce soir chaudement installés en haut d’une colline dans le restaurant Holenkollen à Oslo. Au premier étage de ce rustique restaurant-chalet, je suis surpris par la fenêtre qui touche mon coude gauche. Cette fenêtre ne peut être qu’une fenêtre de pays situé au large du cercle polaire et des grands froids du nord. La double vitre s’impose certes ; le chauffage en dessous est rarement éteint durant toute l’année. Mis à part ces petits crochets extérieurs qui retiennent les persiennes, autre chose encore retient mon attention. Imaginez une fente d’un centimètre de largeur située entre le chauffage et la fenêtre, qui laisse pénétrer l’air polaire par un système de lame coulissante. Pour un Norvégien, la santé passe avant tout...

Un généreux buffet nous propose tout un assortiment de saumons, harengs, caviar, toute une variété de poissons plus ou moins cuits, de pommes de terre en robe de chambre, de frites croustillantes et différentes salades. Une bonne bière « Lettol » au goût prononcé de houblon accompagne ces mets délicieux.

A la sortie du restaurant, mes amis me conduisent au bord d’un gouffre ; ce n’est pas encore tout à fait l’hiver et l’absence de neige donne un aspect macabre à cette fosse géante. Imaginez, surplombant ce gouffre, un tremplin qui permet au champion de ski en longueur de faire des sauts de plus de 100 mètres de long !

Imaginez ce tapis de neige hivernal parsemé de 150 000 spectateurs, dont une partie est assise sur les gradins supérieurs de ce gouffre, qui devient un réceptacle de fin de course pour l’intrépide skieur. Le fameux saut du Doubs en Suisse n’est qu’une pâle reproduction de cet Holmenkollen.

AU PAYS DES FJORDS

 

Un vent de plus de 100 km à l’heure nous pousse dans cette forêt qui forme la ceinture verte d’Oslo. La forêt est ici ce qu’il y a de plus commun. En quittant Oslo pour monter vers le cercle polaire, la mer norvégienne a un secret particulier de pénétrer la terre. Imaginez tout un littoral percé de centaines de courants d’eau qui, contrairement aux fleuves, ne ramènent pas l’eau des montagnes mais font pénétrer cette eau salée dans les terres forestières. Pensez à cette dentelle de cours d’eau qui vont dans tous les sens et qui font de chaque morceau de terre un littoral paradisiaque. Nous voici dans le domaine des Fjords, renommée du pays. Dans un pays si proche de la nature, il est normal que la moyenne de vie soit de 83 ans pour les femmes et de 73 ans pour les hommes. La Norvège est tout d’abord un pays de pêcheurs et de marins. Harengs, « cods » et saumons sont pêchés au grand nord et exportés vers le monde. A eux seuls, les Etats-Unis achètent chaque année pour 2 000 milliards de couronnes (une couronne vaut 1FF. env.) de saumons.

Cet après-midi, en allant vers le port d’Oslo, l’un des plus importants avant Bergen, je suis frappé par ces trois lettres gigantesques qui surplombent ce haut immeuble : A L I... Aucun Norvégien ne m’expliquera l’origine du nom de ce café. Courtois et civique, mon ami freine brusquement devant un passage zébré : un piéton traverse la chaussée d’un air arrogant sans jeter un regard vers l’automobile qui lui cède le chemin. Devant mon étonnement, Karl me répond que nous sommes dans un état de droit, qu’il ne lui a rendu aucun service. Cette notion de devoir, de droit et d’obligation colle aux Norvégiens qui font de leur pays une propriété privée. Leur pays représente pour eux le plus beau pays du monde, l’automne est une grâce de Dieu qui tranche avec le froid polaire qui s’étale sur six mois. Le court été de 60 jours procure un soleil de minuit pendant plus d’un mois. D’un civisme à toute épreuve, le Norvégien saura défendre le plus petit arbuste de son pays, réparer seul un trottoir de sa rue ou encore veiller à la non-pollution d’un lac forestier. Paysan par essence, le Norvégien rustique est fait d’un bloc : il vous offrira toit et fourchette de bon cœur et essaiera de vous faire partager son amour pour son pays.

 

NORVEGE 88

 

Les 39 heures de travail réglementaire en France deviennent 37 en Norvège. Mieux encore, le pays est doté en général d’un système de travail qui commence à 8 heures pour s’achever à 16 heures avec une demie heure de pause tournante. 4,3 millions de Norvégiens travaillent avec sérieux toute une journée pour se retrouver ensuite en famille. Cet équilibre famille/travail fait de la Norvège d’aujourd’hui une puissance économique certaine, lui donne un équilibre politique constant et une paix sociale souvent enviée.

 

Continuons à découvrir ensemble ce pays du grand nord.

En allant, tôt le matin, vers la mairie d’Oslo où nous sommes attendus, je constate une fois  de plus l’organisation urbaine des Norvégiens. Cette rue Eilert sandis gate, dont le nom est inscrit en noir sur la plaque blanche, porte, sur une seconde plaque située juste au dessous, des chiffres : 39-29. Ainsi, dans toutes les rues du pays, on saura, à chaque angle de rue, retrouver la maison recherchée comme dans les couloirs d’un hôtel.

Une imposante salle de mairie au plafond très haut nous accueille chaleureusement. D’emblée, les affiches des élus municipaux vous adressent un large sourire. La démocratie commence par la commune. A se croire dans le canton suisse d’Appenzell où le vote se fait encore à main levée... De partout, c’est un accueille chaleureux des plus courtois qui nous est réservé. On se croirait partout sauf dans une administration...

 

LA LAPONIE

 

En bavardant avec cet édile, je retrouvai ans son visage bridé la Laponie lointaine. Oslo n’est qu’à une heure d’avion du cercle polaire et je me revois, il y a 23 ans de cela, franchissant, la pupille dilatée et le nez au vent, la ligne de ce cercle pour aller à Kiruna, à la pointe nord de la Scandinavie. Je revoyais ces heureux Lapons vivre aux confins de la calotte sphérique parmi les cerfs, les élans et les rennes aux cornes et aux bois des plus gracieux. Heureuse Laponie avec un peuple gardant jalousement ses coutumes, ses habits traditionnels et même son langage ! Mais je ne peux oublier l’attaque subie il y a 23 ans en Laponie par une invasion de milliers de moustiques. 21 ans plus tard, je subis une nouvelle attaque de moustiques mais à l’île de Praslin cette fois... Les moustiques seychellois sont microscopiques et invisibles et oh combien coriaces !

Mais ici à Oslo, point de moustiques heureusement !

 

RICHE PAYS

 

La Norvège est le troisième pays le plus riche des 24 pays membres de l’OCDE (Organisation de la Coopération et du Développement Economique) juste après les Etats-Unis et la Suisse. En effet, un PNB (Produit National Brut) par tête et par an de 16 000 US$ signale un pays riche ; mais d’où vient cette richesse ?

Les temps où la Norvège ne vivait que d’élevage, de pêche et de bois sont révolus. Aujourd’hui, l’activité minière et les hydrocarbures liquides et gazeux sont la grande affaire du pays. Le pétrole fait de ce pays le 17e producteur mondial et constitue la première richesse nationale. La richesse est encore plus importante au futur quand on pense aux 1 500 millions de tonnes de réserve de pétrole et aux 3 000 milliards de m3 de gaz naturel en réserve.

La production annuelle moyenne atteint aujourd’hui environ 38 millions de tonnes de pétrole et 30 milliards de m3 de gaz : les recettes de l’Etat sont donc en principe solides. Mais le pétrole puisé au large des côtes norvégiennes revient de plus en plus cher (20 $ le baril) avec un coût de baril de plus en plus bas. Le dernier krach boursier de New York pourrait inverser la situation. La Norvège s’appuie également sur une exportation annuelle de 15 milliards de kWh d’électricité vers les autres pays scandinaves. D’autre part, la Norvège, qui fait partie de l’OTAN, consacre 1,6 milliard de dollars à sa défense, soit 3% de son PIB (Produit Intérieur Brut). Dans le domaine de l’agriculture, le bois et la pêche représentent chacun 1,2% du PIB. Ce pays de Vikings, qui maîtrisa les mers au début des temps, est le 7e pays du monde pour l’importance des prises maritimes. Mais il n’y a pas que du saumon dans les filets des chalutiers. De seconde qualité, le poisson norvégien est peu payé sur le marché mondial. L’élevage fournit au pays près d’un million de bovins et 700 000 ovins. L’orge occupe à lui seul 1/5 des terres cultivées, suivi par l’avoine et le blé.

Les 4,3 millions de Norvégiens, habitués à leur pays très riche, commencent à « oublier » le marchand de sable. En effet, la baisse des prix du pétrole et la dévaluation de 12% de la couronne norvégienne ébranlent tout d’abord le pouvoir politique qui passe des conservateurs aux socialistes. En refusant, en mai 86, le plan d’austérité du gouvernement conservateur, la Norvège socialiste préconise ainsi une politique de relance de la consommation de type keynésien. Cet insolite exemple de politique à contre-conjoncture passionne les économistes du monde entier. 1987 devient pourtant l’année de la rigueur avec un net renversement de la situation. La Norvège fait un retour à la rigueur et risque d’effleurer le sacro-saint droit social de ses contribuables.

 

 

 

IMPOTS ET TVA

 

Certes, l’ouvrier gagne aujourd’hui 100 000 couronnes par mois (env. 1 800 US$), le cadre 300 000 et un libéral 400 000. Mais là où le bât blesse, c’est l’impôt direct qui tourne autour de 50% et qui est allongé d’une TVA de 20%. Adieu grands revenus qui fondent comme neige au soleil et bonjour taxes et impôts. C’est ainsi que rares seront les voitures étrangères qui paieront moins de 120% de droits de douane. Une belle Mercedes coûtera un million de couronnes, soit la moitié d’une petite villa dans les environs d’Oslo. Le boom de construction lancé il y a 10 ans ne s’arrête pas et chaque citoyen tend à habiter sa propre maison qui devient de plus en plus chère. Un chef d’entreprise à qui je demande : « Do you have problems in Norway ? » (Quels sont vos problèmes en Norvège ?), me répond que le seul problème est la natalité. Comment encourager les couples à avoir un second enfant ? Comment continuer à assurer une très large couverture sociale ? Comment sécuriser cette masse ouvrière ?

A l’aube de l’an 2000 et malgré ses fortes richesses énergétiques, la Norvège devrait réengager la compétition dans la production et dans l’exportation de ses produits de base : la pêche et l’élevage.

Le Spitzberg de l’archipel du Svalbard à 100 km au nord du pôle est rattaché depuis 1925 à la Norvège. Il fournit près d’un million de tonnes de houille par an. Mais les 4 000 habitants du Spitzberg comptent plus de 2 000 Russes qui réclament leur part de gâteau houiller.

 

Ce soir est mon dernier soir en Norvège ; pour rentrer nous passons par le parc Frogner. Il n’est que 16 heures et le soleil est déjà en fin de course et une bise glaciale nous pénètre jusqu’aux os.

Mais un calme presque irréel réchauffe notre corps. A nouveau c’est  la valse des milliers de feuilles mortes aux nervures en relief ; légères, virevoltantes, mystiques, amusantes et amusées, elles vous troublent par leurs couleurs chatoyantes, par leur charme discret et leur nombre impressionnant. Ce carrousel de feuilles mortes me prend dans son tourbillon et je revois tour à tour ce pays scandinave défiler de la Laponie à Oslo, avec se fjords romantiques, ses barques vikings, son saumon parfumé, ses chaumières de bois résineux, ses forêts denses et ses habitants si courtois. Harald Hardrade doit se retourner de joie dans sa tombe, lui qui fonda Oslo en l’an de grâce 1050...

 

 

 

 

 

Rached Trimèche

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